Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB
Territoires contemporains


Espaces, territoires et identités : jeux d’acteurs et manières d’habiter
Un dispositif innovant de résorption d’un bidonville
Elsa Martin et Jean-Marc Stébé
Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils
RÉSUMÉ

Dans cet article, nous montrerons, tout d’abord, comment les bidonvilles prolifèrent à la périphérie des agglomérations urbaines de nombreux pays en développement, mais également, depuis une quinzaine d’années, au sein des pays riches industrialisés et notamment en France. Nous verrons par ailleurs combien il est complexe et difficile de comptabiliser les bidonvilles à travers le monde en raison de définitions variées d’un pays à un autre, et de querelles d’experts qui ne parviennent pas à s’entendre pour définir un bidonville et pour faire émerger le qualificatif le plus idoine à ce type d’habitat. Enfin, à partir d’une expérience locale – au sein de la métropole de Metz située dans Nord-Est de la France –, nous retracerons comment les services décentralisés de l’État, les collectivités territoriales et la Fondation Abbé Pierre (FAP) se sont unis, à la fin des années 2010, pour tenter de résorber de façon pérenne quelques poches d’habitat indigne de l’agglomération messine. Cette expérience de résorption de l’habitat informel sera l’occasion de regarder les bidonvilles autrement, et de questionner l’espace à la fois comme support d’une vie sociale pour les ménages qui les occupent et comme lieu de relégation.

MOTS-CLÉS
Mots-clés : Bidonville ; Fondation Abbé Pierre ; espace urbain ; résorption ; bidonville « Louis le Débonnaire »
Index géographique : France ; Metz
Index historique : xx-xxie siècles
SOMMAIRE
Introduction
I. L’urbanisation accélère le développement des bidonvilles
II. La résurgence des bidonvilles en France
III. L’embarrassante question de la définition des bidonvilles
IV. L’exemple de la résorption du bidonville « Louis le Débonnaire »
1) Des résultats encourageants
2) Un lieu de vie à la fois fragile et pourvoyeur d’autonomie
3) Des organisations particulièrement mobilisées et bienveillantes
4) Stabiliser l’informel pour mieux accompagner les ménages précaires

TEXTE

Introduction

Si les bidonvilles existent bel et bien depuis de très nombreuses décennies en Asie du Sud et de l’Est, en Amérique latine et sur le continent africain, il faut bien admettre que ces dernières années les pays du nord, notamment nombre de pays européens, n’en sont pas non plus exempts [1]. Le constat apparaît sans appel : au sein des métropoles des pays en développement, les bidonvilles progressent sous des formes variées et dans des dimensions considérables [2]. À l’orée de la crise sanitaire du Covid-19, en mars 2020, ONU-Habitat [3] rappelait que près d’un milliard de personnes résidaient dans de tels habitats. Globalement, un huitième de l’humanité vivrait ainsi, soit environ un quart des résidents des villes [4]. Si l’on se concentre sur les pays en développement, en 1990 l’agence onusienne en charge de l’urbain notait que 689 millions de personnes habitaient les bidonvilles. En 2014, elle en comptabilisait environ 881 millions. Ce qui représente une augmentation de 28 % en un quart de siècle. Même si l’on constate dans les pays en développement une baisse de la proportion des urbains résidant dans des bidonvilles – passant de 46 % à 30 % au cours de cette période –, il n’en demeure pas moins que près de 200 millions de nouveaux habitants sont venus s’agréger dans les 200 000 bidonvilles existant à l’heure actuelle à travers le monde. Et les prévisions onusiennes pour les quelques décennies à venir sont des plus alarmantes : le nombre d’habitants des bidonvilles pourrait en effet atteindre 2 milliards d’ici 2050.

Si l’on braque la focale sur la France, les coordonnateurs du dossier « Actualités du bidonville » paru dans le numéro de l’automne 2017 de la revue Urbanisme [5] nous rappellent, qu’en ce début de xxie siècle, combien les bidonvilles, « l’objet le plus illégitime de l’histoire de l’urbanisme », après avoir été éradiqués, refont progressivement surface, dans les creux et les interstices des villes françaises, et ce, depuis une bonne dizaine d’années. Les nouvelles vagues migratoires, déclenchées par les conflits armés et les changements climatiques ainsi que par la crise de l’habitat abordable, seraient à n’en pas douter les causes principales de la résurgence des bidonvilles dans les pays développés à économie de marché (PDEM). En France, la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), qui propose un état des lieux national des bidonvilles [6], comptabilisait, au cours de la décennie 2010, environ 17 000 personnes habitant dans les 520 bidonvilles présents sur le territoire national. Devant cette situation alarmante, la question qui se pose aujourd’hui pour les pouvoirs publics, comme pendant la période des Trente Glorieuses, est celle de savoir comment résorber durablement les bidonvilles, et d’une façon plus large, comment parvenir à supprimer ces habitats précaires et assurer le respect du droit à un logement convenable, tout en évitant la ségrégation et en garantissant à tous « le droit de vivre en sécurité, dans la paix et la dignité » [7]

Dans cette contribution, nous montrerons, tout d’abord, comment les bidonvilles prolifèrent à la périphérie des agglomérations urbaines de nombreux pays en développement, mais également, depuis une quinzaine d’années, au sein des pays riches industrialisés et notamment en France. Nous verrons par ailleurs combien il est complexe et difficile de comptabiliser les bidonvilles à travers le monde en raison de définitions variées d’un pays à un autre, et de querelles d’experts qui ne parviennent pas à s’entendre pour définir un bidonville et pour faire émerger le qualificatif le plus idoine à ce type d’habitat. Enfin, à partir d’une expérience locale – au sein de la métropole de Metz située dans le Nord-Est de la France –, nous retracerons comment les services décentralisés de l’État, les collectivités territoriales et la Fondation Abbé Pierre (FAP) se sont unis, à la fin des années 2010, pour tenter de résorber de façon pérenne quelques poches d’habitat indigne de l’agglomération messine. Cette expérience de résorption de l’habitat informel sera l’occasion de regarder les bidonvilles autrement, et de questionner l’espace à la fois comme support d’une vie sociale pour les ménages qui les occupent et comme lieu de relégation.

I. L’urbanisation accélère le développement des bidonvilles

Les analystes s’accordent à dire que le processus d’urbanisation mondiale en cours est, en grande partie, à l’origine de l’accroissement considérable – et même exponentiel – des bidonvilles dans les pays en développement. En effet, l’urbanisation s’accompagne à la fois d’une polarisation des richesses et des pouvoirs dans les centralités urbaines et d’une concentration des pauvres – venus pour la plupart des campagnes – au sein des périphéries urbaines. Il y a quelques années, le sociologue Julien Damon [8] montrait combien les villes ont tendance à concentrer la pauvreté, à attirer les plus démunis, les indigents. L’illusion de la profusion de richesses, l’espérance d’un emploi et donc de revenus au sein des villes des pays en développement conduisent des cortèges d’individus pauvres à migrer vers les agglomérations urbaines. C’est ainsi que les pauvres constituent – et constitueront au cours du demi-siècle à venir –, dans une très large mesure, le réservoir de la croissance urbaine. Pour les observateurs des économies mondiales, il ne fait aucun doute qu’un nombre particulièrement élevé de pauvres issus des zones rurales migreront dans les prochaines décennies vers les villes et s’installeront au sein des espaces urbains très précaires, espaces dans lesquels l’environnement naturel est entièrement dégradé, l’accès à l’eau potable extrêmement réduit, et où la plupart des habitants vivent avec moins de 1,90 dollar par jour [9]. La population urbaine des pays en développement devrait doubler au cours de la période 2010-2050. Si l’urbanisation se révèle dans nombre de cas un bienfait, il est indiscutable que pour les pays de l’Afrique subsaharienne, de l’Amérique latine et de l’Asie du Sud et de l’Est, elle demeure un véritable fléau écologique, social, économique, mais également sanitaire. Il suffit en effet de regarder l’évolution de la pandémie de Covid-19 à travers le monde : les statistiques épidémiologiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – statistiques qui ne sont pas stabilisées étant donné la circulation encore importante du virus et de ses variants à l’heure actuelle – montrent clairement que les contaminations sont désormais plus fortes au sein des pays en développement. Il faut en effet bien avoir à l’esprit que l’impact de l’épidémie est – et sera – plus aigu dans les bidonvilles des métropoles gigantesques des pays du sud, là où se conjuguent insalubrité de l’habitat et importante densité de la population. En Inde, où se concentre une grande partie des bidonvilles du monde, la situation sanitaire est devenue au cours de l’année 2021 plus que préoccupante : avec 31,8 millions de cas, la République de l’Inde se hisse à la troisième place des pays les plus touchés par le coronavirus [10]. Nous pouvons aisément imaginer les dégâts causés par le Covid-19 au niveau du plus grand bidonville de l’Inde, Dharavi, avec ses plus de 950 000 individus vivant sur une superficie de moins de 250 hectares, ses baraquements surpeuplés, ses logements indigents, sa densité de 390 000 Indiens au km2, et ses ruelles boueuses pendant les périodes de pluie [11].   

II. La résurgence des bidonvilles en France

Les experts internationaux se focalisent sur les pays en développement, sans oublier d’alerter les gouvernements des pays développés, de l’Europe en particulier, sur l’émergence de bidonvilles au sein de leurs territoires. Quand bien même il n’existe pas dans la statistique officielle européenne d’entrée exclusivement dénommée « bidonville », il n’en reste pas moins que l’on parvient à repérer, çà et là, l’émergence de « logements inadéquats » – autrement dit des bidonvilles massivement irréguliers et irrécupérables [12] –, même si le nombre d’habitants concernés est sans commune mesure avec celui des pays en développement.

Et si l’on braque la focale au niveau de la France métropolitaine, il s’avère que les bidonvilles font leur réapparition un peu partout, tant dans les cœurs de ville et les banlieues que dans les zones périurbaines et les espaces ruraux. D’une certaine façon, comme le soulignent certains chercheurs en sciences sociales, il y a en ce début du xxie siècle « un retour des bidonvilles » en France sans omettre de préciser qu’au sein des départements d’Outre-mer, au premier rang desquels Mayotte, ils n’avaient pas disparu [13].

Historiquement, les bidonvilles ont connu en France un fort développement après la Seconde Guerre mondiale. Preuve en est que le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) estimait en 1953 qu’il existait 650 000 taudis et autres bidonvilles à détruire. L’appel de l’abbé Pierre en 1954 et l’incendie du bidonville de la « Folie » à Nanterre (en 1974) contribueront largement à la reconnaissance de la question des bidonvilles comme une préoccupation nationale dont la presse se fera l’écho [14]. Malgré la mise en place d’un dispositif juridique – la loi Debré du 14 décembre 1964 amendée par la loi Nungesser du 9 juin 1966 –, le phénomène persiste. En effet, le dernier grand bidonville de la métropole, celui du quartier de la Digue des Français surnommé « Nice-village » à Nice, ne sera détruit qu’en 1976 [15]. Mais le répit ne sera que de courte durée, puisque dès les années 1990, les habitations de fortune ressurgissent un peu partout en France, en se rapprochant cette fois-ci des cœurs des villes. La Fondation Abbé Pierre sera une des premières organisations à dénoncer le retour dans l’Hexagone de l’habitat indigne. Si le fait est avéré de la présence de bidonvilles tant dans les centralités urbaines que dans les zones périphériques des villes françaises, il reste que leur recensement pose encore problème dans les pays européens, et notamment en France en dépit des efforts tant de l’Union européenne que de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement visant à définir et à identifier les critères de comptabilisation des bidonvilles. Si peu d’organismes et d’associations s’aventurent à donner en la matière des chiffres précis, la Fondation Abbé Pierre aborde néanmoins directement cette question sans toutefois parvenir à isoler complètement les bidonvilles en tant que tels dans leur recensement, dans la mesure où elle intègre les campements dans la comptabilité des bidonvilles. La Fondation propose plutôt un dénombrement des personnes mal-logées en France. Ainsi, en 2021, elle comptabilise 4,1 millions de mal-logés dont 100 000 personnes résidant dans une habitation de fortune [16].

De son côté, comme nous l’indiquions précédemment, la DIHAL [17] note dans son dernier état des lieux qu’entre 2013 et 2018 le nombre de personnes habitant dans des bidonvilles est resté relativement constant, aux environs de 17 000 en moyenne. D’une manière générale, il s’agit avant tout de Roms [18] de Roumanie et de Bulgarie, auxquels s’ajoutent d’autres habitants tels que des ressortissants français, des citoyens de l’Union européenne (UE) et des personnes issues de pays hors de l’UE [19]. Si nous resserrons la focale sur les deux dernières années (2017-2018) du recensement de la DIHAL, on note une stabilisation du nombre des personnes résidant dans un bidonville autour de 16 000. En parallèle, le nombre de sites a connu une baisse de 13 % avec une diminution en valeur absolue de 74 sites : passant de 571 à 497 [20]. L’Île-de-France est la région la plus concernée par les bidonvilles : en juillet 2018, elle regroupe 33 % des personnes recensées, soit 5 357 personnes. Le département de la Seine-Saint-Denis (93) en comptabilise à lui seul 1 960, soit plus de 36 % des habitants des bidonvilles de l’Île-de-France.

Voyage dans un bidonville de France d’outre-mer

À proximité de la zone industrielle de Mamoudzou, chef-lieu du département de Mayotte, sur le ban de l’agglomération de Kawéni, s’entassent et survivent, dans des logements de fortune faits de bric et de broc, sans eau ni électricité, 15 000 immigrés maories, comoriens et malgaches. Situé à quelques minutes en voiture du centre-ville de Mamoudzou, le bidonville de Kawéni est devenu au fur et à mesure des décennies le « plus grand bidonville de France » comme on dit à Mayotte. Il s’étend du bord de la nationale à deux voies, la route la plus importante de l’île, jusque sur les pentes des collines environnantes, pentes initialement recouvertes de forêts que les familles immigrées indigentes ont progressivement brûlées pour y installer un logement précaire ou y planter manioc et bananiers, autant de promesses de subsistance. Aujourd’hui, ce sont des milliers de cabanes faites de tôles ondulées et de planches qui s’étendent à pertes de vues, accrochées à ces collines, et avec comme toile de fond une mer bleue et scintillante : quel contraste ! Entre les cabanes, une myriade d’enfants sales portant des vêtements souillés jouent à côté des poubelles débordantes de détritus nauséabonds, et au beau milieu des chèvres laissées en liberté… La misère déborde de partout et se diffuse sur la totalité de ce territoire proche du centre de Mamoudzou. Les habitants, et peut-être les jeunes encore plus, n’attendent plus grand-chose des autorités locales et du gouvernement français laisse sous-entendre Omar Saïd, directeur de Wenka Culture, une association locale de réinsertion : « L’abandon est là et on le sent. Depuis que nous sommes le 101e département français, il ne s’est rien passé sur le territoire, déplore-t-il. Rien ne se passe.Nous sommes livrés à nous-mêmes. » [21]

III. L’embarrassante question de la définition des bidonvilles

Comptabiliser le nombre de bidonvilles et la démographie de ce type d’habitat – en France, en Europe et sur les autres continents – requiert beaucoup de patience, puisqu’il n’existe pas vraiment, comme nous l’avons déjà souligné précédemment, de définition générique. Même si une littérature spécialisée abondante s’est intéressée aux bidonvilles, et même si des agences internationales – ONU-Habitat entre autres – ont avancé des définitions, il ne semble pas qu’émerge une caractérisation indiscutée du bidonville. L’expression désigne aux quatre coins de la planète, sous des appellations localement variées, plusieurs types d’habitations, d’installations et d’organisations urbaines [22]. Certains instituts statistiques, en Inde notamment, ont en tout cas fait explicitement du bidonville un objet de recensement et d’investigations poussées. Les définitions et traductions sont en réalité peu consolidées. Les vocables « taudis », « bidonvilles », « habitats informels », « établissements informels », « quartiers précaires », « squats », « habitats de fortune », ou encore « foyers à faibles revenus » sont souvent utilisés de manière interchangeable dans les travaux académiques et les documents officiels. Les désaccords entre experts sont sans conteste légion pour définir un bidonville et pour trouver le qualificatif le plus pertinent à ce type d’habitat, « précaire », « informel », « spontané », « indigne » … Mais l’ONU a souhaité dépasser les querelles terminologiques en avançant une définition organisée autour de cinq critères. Selon cette définition, est considéré comme un bidonville un territoire urbain n’offrant pas toutes les aménités jugées indispensables comme :
1/ une structure permanente assurant une protection contre les conditions climatiques extrêmes, autrement dit un logement durable ;
2/ « une surface de vie suffisante », c’est-à-dire pas plus de trois personnes par pièce ;
3/ « un accès à l’eau potable », à savoir de l’eau qui puisse être accessible en quantité suffisante, qui soit abordable et sans effort excessif ;
4/ « un accès aux services sanitaires », soit des toilettes privées ou publiques, mais partagées par un nombre raisonnable de personnes ;
5/ « une sécurité et une stabilité d’occupation », c’est-à-dire un espace bénéficiant d’une protection contre les expulsions.
À ces critères s’en juxtaposent deux supplémentaires : « le caractère abordable du logement » et « l’accès aux autres services de base ». Force est de constater que cette définition recouvre une grande variété de situations et ne se prête pas aisément à la prise en compte statistique. Ainsi en France le bidonville ne constitue pas une catégorie statistique précise : il ne représente que le point extrême du « mal logement » sur un continuum allant, selon les définitions officielles, du logement indigne au logement insalubre en passant par le logement non décent et le logement informel. Ceci étant dit, pour bien saisir ce qu’est un bidonville en France, il faut avant tout comprendre ce qu’il n’est pas : ce n’est pas un squat ; il ne s’agit pas d’une aire de stationnement réservée aux « gens du voyage » ; il ne faut pas l’assimiler à un campement stricto sensu ; et il n’est pas non plus une Zone à défendre (ZAD).

Proposer alors une définition générale relève, nous dit Julien Damon [23], très certainement d’un pari hasardeux tant les réalités des bidonvilles sont extrêmement contrastées. À travers le monde, les bidonvilles reposent sur une grande diversité de formes, de géographies, de localisations, de types de populations et d’interventions publiques à leur endroit. Ainsi, dans les pays riches, les bidonvilles accueillent essentiellement des pauvres au sens monétaire du terme, tandis que dans les pays en développement, les habitants des bidonvilles ne sont pas forcément les personnes les plus démunies du pays – notamment en termes de conditions de vie. En outre, si au sein des villes du nord, les bidonvilles rassemblent quelques dizaines de cabanes ou caravanes, il en est tout autrement dans les métropoles du sud où les bidonvilles recouvrent des parties de villes pouvant parfois rassembler plusieurs centaines de milliers de personnes : au sein du bidonville de Kibera au sud de Nairobi (Kenya), selon l’agence humanitaire kenyane Umande Trust, résident environ 500 000 personnes ; dans le township de Khayelitsha à l’est du Cap (Afrique du Sud) vivent plus de 400 000 personnes ; la favela de Rocinha rassemble plus de 70 000 personnes dans 25 500 habitations de fortune. Par ailleurs, en ce qui concerne les types de populations, on note que les bidonvilles métropolitains français ne se nourrissent ni de l’exode rural, ni de la croissance naturelle, mais sont plutôt la conséquence d’une immigration difficilement maitrisable et en provenance de nombreux pays bousculés par les guerres, les crises économiques, la pauvreté, le terrorisme et les perturbations climatiques (Syrie, Libye, Afghanistan, Roumanie, etc.) ; en revanche, dans les grands bidonvilles asiatiques, indiens ou africains, ce sont d’abord des nationaux provenant d’autres régions – bien souvent rurales – qui les habitent. Les politiques de résorption sont tout aussi plurielles et, dans une certaine mesure, adaptées à ces différentes caractéristiques. La France métropolitaine est, à cet égard, dans une situation qui ne peut être comparée à celle des pays en développement ou des départements ultramarins. En tout état de cause, éradiquer sans proposer de solution pérenne de relogement n’amène qu’à repousser le problème sans le régler.

IV.  L’exemple de la résorption du bidonville « Louis le Débonnaire »

En janvier 2018, le gouvernement français a redynamisé sa politique d’éradication des bidonvilles en publiant une instruction « visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles » [24]. En effet, depuis le milieu de la décennie 2000, comme nous l’avons déjà souligné, les bidonvilles font leur réapparition en France. La question qui se pose à nouveau aujourd’hui pour les pouvoirs publics est celle de savoir comment résorber durablement les bidonvilles, et d’une façon plus large, comment parvenir à supprimer ces habitats précaires et assurer le respect du droit à un logement convenable, tout en évitant la ségrégation et en garantissant « à tous le droit de vivre en sécurité, dans la paix et la dignité » [25]

Nous montrerons que, même s’il existe comme le dit Julien Damon [26] un « grand jeu de ping-pong administratif » entre l’État et les villes, il émerge parfois au niveau local des synergies entre les services décentralisés de l’État et les collectivités territoriales pour résorber de façon pérenne les bidonvilles. Dans la région française Grand Est, la ville de Metz, les services extérieurs de l’État et la Fondation Abbé Pierre (FAP) ont pendant trois ans, de septembre 2016 à septembre 2019, mis en place, dans le cadre d’une convention de type Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (MOUS), un accompagnement de près d’une vingtaine de familles roumaines – en l’occurrence ici du centre de la Roumanie, et plus exactement de la Transylvanie – séjournant dans des habitats précaires dispersés à l’orée du centre-ville de Metz. Cette convention prévoyait d’accompagner vers un emploi puis un logement l’ensemble de ces familles après qu’elles aient été regroupées et installées sur un même terrain dit « Louis le Débonnaire », terrain mis gratuitement à disposition de la municipalité par l’établissement public Réseau ferré de France. Après avoir étudié de près le dispositif original de résorption du bidonville Louis le Débonnaire de Metz, nous observons que la mise en place d’un « lieu de vie temporaire » – certes précaire – a permis la transition graduelle vers l’habitat de droit commun et vers l’emploi contractuel [27].  

Méthodologie de l’étude

La recherche sur le dispositif de résorption du bidonville Louis le Débonnaire, réalisée entre décembre 2018 et janvier 2020, est le fruit d’une commande réalisée par l’Agence régionale du Grand Est de la Fondation Abbé Pierre au Laboratoire lorrain de sciences sociales (2L2S) de l’Université de Lorraine. Cette étude avait pour objectif d’évaluer la convention MOUS signée en septembre 2016 par la municipalité de Metz, la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) de Moselle et la Fondation Abbé Pierre. Le travail d’évaluation ex tempore et ex post s’est organisé autour :
1/ d’une longue observation socio-ethnographique des familles et des travailleurs sociaux,
2/ d’une vingtaine d’entretiens semi-directifs des différents acteurs (politiques, associations, travailleurs sociaux, riverains, etc.),
3/ d’une exploration minutieuse des archives institutionnelles.
Ces investigations empiriques ont permis de retracer, de cartographier et de rendre compte des jalons temporels, institutionnels et politiques ayant présidé à la mise en place du projet. Elles ont par ailleurs été l’occasion d’appréhender les rôles, les fonctions, les intérêts et les coûts/avantages de chacun des acteurs impliqués. Elles ont enfin permis de saisir l’histoire sociale, les difficultés économiques, le parcours migratoire et les représentations de chacune des dix-huit familles concernées par le dispositif d’accompagnement.

1) Des résultats encourageants

Le dispositif de résorption du bidonville Louis le Débonnaire a pris en charge, au cours de ses trois années d’existence, dix-huit familles, soit au total cinquante-quatre personnes. À la fin de la MOUS, en octobre 2019, treize ménages avaient été relogés dans des appartements du parc locatif social de l’agglomération messine, deux avaient quitté volontairement le bidonville, et trois ménages vivaient en situation précaire d’hébergement chez un tiers. En ce qui concerne l’insertion professionnelle, sur les dix-huit ménages, quinze ont obtenu à un moment donné un emploi pour au moins l’un de ses membres. Les situations restent néanmoins hétérogènes : alors que certains disposent d’un emploi stable, une grande partie restent dépendants de contrats à durée déterminée ou d’un emploi à temps partiel. Si nous nous arrêtons sur la scolarisation des vingt enfants de moins de seize ans présents au moment de la mise en place du dispositif, nous notons qu’à l’automne 2019, huit ont suivi une scolarité assidue et continuent à se rendre dans les établissements scolaires, trois n’ont pas encore fréquenté l’école en raison de leur trop jeune âge, trois sont sortis du système scolaire après avoir atteint l’âge de 16 ans, trois sont retournés en Roumanie, et enfin trois enfants ont rencontré des difficultés d’adaptation au système scolaire et se trouvent aujourd’hui en marge de l’école.

Quant au coût du dispositif de résorption, nos investigations ont permis de montrer que pour chaque habitant, le montant s’élève à moins de 7 500 €. Lissé sur les trois années de la MOUS, le coût journalier du dispositif Louis le Débonnaire revient alors à environ 6,80 € par jour et par habitant avec un taux de relogement de 88 % (15 ménages sur 18). Ce montant s’avère particulièrement faible au regard d’autres types de programmes de relogement. Par exemple, le coût journalier par personne était en 2018 de 31 € en centre d’hébergement et de réinsertion sociale, de 24 € en hôtel ou de 16 € dans une pension de famille [28].

2) Un lieu de vie à la fois fragile et pourvoyeur d’autonomie

L’étude menée pendant plusieurs mois auprès des ménages du bidonville Louis le Débonnaire laisse entrevoir l’ambivalence de leurs conditions d’existence. À la différence de la rue en effet, le site aménagé [29] non loin du centre-ville de Metz a permis aux habitants de disposer d’un lieu à la fois protecteur et modulable. La liberté laissée par les cabanes de s’adapter aux changements des configurations familiales, de disposer d’un espace où stocker des biens à destination de la Roumanie, de faciliter les contacts pour les activités économiques, la possibilité d’accueillir des proches venus de Roumanie ou d’autres agglomérations françaises constituent autant d’éléments qui illustrent les particularités de cet habitat, certes précaire, mais personnalisable à souhait. Par ailleurs, à la différence des centres d’hébergement ou des appartements, le bidonville donne à ses habitants un espace où la coercition se fait moins prégnante en raison de l’éloignement du cadre de contrôle institutionnel ou du voisinage.

Les engagements matériels et sociaux pris dans le cadre de l’opération de résorption du bidonville Louis le Débonnaire

L’implication des signataires de la MOUS (la municipalité de Metz, la Direction départementale de la cohésion sociale de Moselle et la Fondation Abbé Pierre) ont permis entre autres de financer :

- 1/ les services techniques pour organiser l’accès à l’eau et à l’électricité ;

- 2/ une association d’architectes Quatorze pour construire des blocs sanitaires et des cuisines collectives ;

- 3/ un travailleur social à temps plein pour aider les familles à s’insérer. Au cours des trois années, les habitants du bidonville ont été accompagnés vers un emploi et relogés pour la plupart dans des appartements du parc locatif social.

En outre, l’intensité de la vie collective peut s’apparenter à celle du village d’origine. Elle est vectrice d’un sentiment de protection par le biais des repères familiers qui s’y déploient (fête, références aux histoires personnelles, pratiques religieuses, etc.), rappelant ainsi le pays. Surtout, l’espace Louis le Débonnaire a permis à chacun des habitants de recréer un « petit chez soi », un « nid à soi » à l’abri du regard des autres. Pour autant, il serait inopportun d’idéaliser ce lieu de vie. Les ménages ont dû affronter durant de nombreuses années le froid et l’humidité, la maladie, les problèmes d’hygiène, la dangerosité de l’habitat. La fragilité et la précarité inhérente aux cabanes ne remplacent à aucun moment la protection permise par un logement durable.

3) Des organisations particulièrement mobilisées et bienveillantes

La forte visibilité tant sociale que médiatique du bidonville Louis le Débonnaire tout au long des trois années du projet a eu comme effet de maintenir l’attention portée par les institutions et les citoyens sur le dispositif.

L’analyse institutionnelle laisse entrevoir que la mise en place de la MOUS a permis de stabiliser sur les trois années l’engagement des membres du comité de pilotage. Ce cadre d’intervention a, par ailleurs, permis de faire en sorte que des acteurs venus à la fois de l’État, des collectivités territoriales, des organismes privés et des associations se côtoient et travaillent ensemble autour d’un projet commun. Ce panel large d’organisations (Direction départementale de la cohésion sociale, Centre communal d’action sociale, Fondation Abbé Pierre…) a rendu possible la résolution de blocages présents tant au niveau administratif et politique qu’économique et matériel. En retour, cette attention collective portée aux habitants du bidonville leur a octroyé un « droit à la ville » bien que temporaire, mais admis de tous les acteurs engagés dans le projet ; occupation de l’espace généralement remise en question dès lors que les habitants s’installent de façon spontanée [30]. De la même manière, la pérennisation sur trois années du dispositif a également amorti les différentes tensions personnelles ou politiques, parfois présentes antérieurement, au sein du collectif. La convention signée entre les acteurs financeurs a ainsi permis de rassembler des engagements à la fois humanitaires, politiques et professionnels au sein d’un même groupe d’acteurs.

4) Stabiliser l’informel pour mieux accompagner les ménages précaires

L’évaluation du dispositif conventionnel déployé dans le cadre de la résorption du bidonville Louis le Débonnaire a mis en lumière de nombreux points positifs, notamment la possibilité offerte aux ménages d’adapter et de s’approprier au sein du bidonville leur logement. Celui-ci constituait alors un sas pour l’insertion des ménages. Tandis que les pouvoirs publics (État, collectivités territoriales) ont souvent comme priorité de faire disparaître l’image dégradante que véhiculent ces habitations – afin d’éviter que rejaillisse sur les mairies entre autres l’image indigne d’immoralité –, il peut être pertinent de regarder les bidonvilles autrement. Ne serait-il pas pertinent de se poser la question de savoir si le bidonville est forcément négatif, destructeur de lien social ? À partir des travaux sur le ghetto de Michael Dear [31] et de Samuel Cattacin [32] montrant que les espaces fragmentés, en tant que « mondes parallèles » organisés, sont en mesure de devenir des territoires structurants, d’accueil, de soutien et d’apprentissage des normes et des valeurs de la société, ne pouvons-nous pas nous demander si les bidonvilles ne disposent pas – de manière temporaire bien sûr – des mêmes caractéristiques que les ghettos ? Ils sont susceptibles d’être un espace structurant, un cadre de vie sociale permettant l’intégration dans la vie urbaine de la ville d’accueil. Comme l’avaient observé dans les années 1920-1930 les sociologues urbains de l’École de Chicago [33], le ghetto peut être regardé comme une aire de transition, un espace intermédiaire entre le pays d’origine et le pays d’accueil. Le ghetto n’est ainsi qu’une étape dans le processus d’intégration à la société américaine en l’occurrence. L’espace de vie du ghetto est vu par les chercheurs chicagoans comme un cadre de vie communautaire incarnant un lieu chargé d’histoire, doté d’une épaisseur symbolique et identitaire qui fait sens. Il représente aussi un espace de stabilisation culturel, d’auto-organisation des communautés, d’ascension sociale des individus et parfois de reconnaissance de leurs spécificités identitaires.

Toujours à propos des ghettos, Sandro Cattacin en vient ainsi à poser logiquement la question : «  Why not ghetto ? ». Après avoir observé pendant plus d’un an le dispositif de résorption du bidonville Louis le Débonnaire de Metz, nous soutenons aussi l’idée que le dispositif messin de résorption du bidonville, en tant que « village provisoire d’insertion », en tant que lieu de passage et de transition, a permis, sans aucun doute, une inclusion spécifique, progressive et graduée des familles roumaines du bidonville au sein de la ville de Metz et plus largement de la société française ? Sans pour autant, à l’image de ce que préconise Sandro Cattacin, promouvoir de nouveaux ghettos, les efforts consentis par les institutions pour accompagner, in situ, les ménages précaires a permis un suivi de proximité sans défaire les solidarités informelles à l’œuvre entre les individus. En d’autres termes, c’est en stabilisant ces espaces investis de manière informelle et construits dans les interstices de la ville, que l’accompagnement sur le long cours au plus près des ménages a pu se réaliser.

Ce projet s’inscrit dans une action durable d’insertion dans laquelle les différents protagonistes tentent de nouvelles formes de médiation pour fédérer et négocier une conjonction des intérêts autour d’une cause commune. L’action militante de certaines associations, en l’occurrence ici la Fondation Abbé Pierre, appelle les autorités publiques à s’engager, parfois contraintes, parfois ressaisies de leur mission de défense de l’intérêt public [34].

AUTEUR
Elsa Martin, maître de conférences Université de Lorraine, CERTOP
Jean-Marc Stébé, professeur de sociologie Université de Lorraine, 2L2S

ANNEXES

NOTES
[1] Julien Damon, Un monde de bidonvilles. Migrations et urbanisme informel, Paris, Le Seuil, 2017.
[2] Diana Bernaola-Regout et Philippe Godard, Bidonplanète. Un milliard d’humains dans des bidonvilles, Paris, Syros, 2007 ; Mike Davis, Le pire des mondes possibles. De l’explosion urbaine au bidonville le global, Paris, La Découverte, 2006 ; Mike Davis, Planète bidonvilles, Paris, Éd. Ab irato, 2005 ; Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé, La ville au risque du ghetto, Paris, Lavoisier, 2010.
[3] ONU-Habitat est le programme des Nations Unies œuvrant à un meilleur avenir urbain. Sa mission principale est de promouvoir le développement durable des établissements humains sur le plan social et environnemental ainsi que l’accès à un logement décent.
[4] En 2020, l’ONU comptabilisait 7,8 milliards d’individus sur la planète ; parmi ceux-ci 55 % résidaient au sein d’une agglomération urbaine, soit 4,3 milliards.
[5] Cf. le numéro 406, 2017, p. 22-65.
[6] Cf. Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement, État des lieux des bidonvilles en France métropolitaine au 1er janvier 2018, Paris, DIHAL, 2018. Précisons qu’en ce qui concerne l’habitat précaire ou indigne, le vocabulaire n’est pas stabilisé. En effet, les termes « bidonville » et « campement » sont souvent utilisés pour désigner le même type d’habitat informel. C’est ainsi que la DIHAL utilise le vocable générique « bidonville » pour désigner tant les campements, les grands squats que les bidonvilles.
[7] Cf. « Aucun Laissé-Pour-Compte », Rapport sur l’effectivité du droit au logement, et des droits qui y sont liés, pour les Roms en France, Nations Unies, Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), Bureau régional pour l’Europe, juin 2018.
[8] Julien Damon, « Chiffres, approches et paradoxes de la pauvreté urbaine », Questions de communication, n° 25, 2014, p. 143-160.
[9] À l’échelle mondiale, si 1,1 milliard d’individus sont sortis de la grande misère grâce à l’amélioration de leurs conditions de vie entre 1990 et 2015, il n’en demeure pas moins que le rythme de la baisse de la pauvreté s’est ralenti depuis le début de la décennie 2010. Les experts de la Banque mondiale notent par ailleurs une très inégale répartition des pauvres sur la planète – l’Afrique subsaharienne concentre désormais à elle seule plus de la moitié des personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour, soit 413,3 millions d’individus sur un total de 736 millions de pauvres dans le monde en 2015. D’une façon générale, plus de 1,9 milliard d’individus, soit 26,2 % de la population mondiale, vivaient avec moins de 3,20 dollars par jour en 2015 (Rapport sur la pauvreté et la prospérité partagée de la Banque mondiale de 2018).   
[11] La densité de population au sein du territoire du Dharavi y est quarante fois celle de New York, vingt fois celle de Paris, ou dix fois la densité de Dacca, la capitale du Bangladesh.
[12] La typologie ETHOS (European Typology on Homelessness and Housing Exclusion) proposée en 2005 par la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA) recouvre toutes les situations des personnes sans domicile à travers l’Europe : « être sans-abri », « être sans logement », « être en logement précaire » et « être en logement inadéquat ». La dernière situation regroupe justement les personnes qui vivent dans des bidonvilles, ou plus précisément « dans des caravanes sur des sites illégaux, en logement indigne, dans des conditions de surpeuplement sévère ». 
[13] Jean-Baptiste Daubeuf, Hervé Marchal et Thibaut Besozzi, Idées reçues sur les bidonvilles en France, Paris, Le Cavalier Bleu, 2017 ; Jean-Marc Stébé et Hervé Marchal, Introduction à la sociologie urbaine, Paris, Armand Colin, 2019 ; Julien Damon, 2017, op. cit.
[14] Notamment : dans France-Soir du 29 octobre 1957, 30 décembre 1964 et 12 articles entre le 12 octobre et le 11 novembre 1965 ; dans La Croix des 10-12 juin 1964 et des 22-28 décembre 1965 ; dans Le Monde des 26-27 mai 1963, du 25 avril et des 23-25 juin 1964 ; dans Le Figaro du 25 décembre 1962, du 31 décembre 1964 et du 15 octobre 1965 ; dans L’Humanité des 24-27 mars, du 17 juin et des 24- 25 novembre 1964.
[15] Le 16 mars très exactement.
[16] La Fondation Abbé Pierre comptabilise 1 068 000 personnes privées de logement personnel. À côté des 100 000 personnes résidant dans une habitation de fortune, la Fondation compte 300 000 personnes sans domicile, 25 000 résidents en chambre d’hôtel, et 643 000 personnes en hébergement « contraint » chez des tiers (Fondation Abbé Pierre, L’État du mal-logement en France, 26e Rapport de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés, Paris, Éd. FAP, 2021).
[17] DIHAL, 2018, op. cit.
[18] Le terme « Rom » est souvent utilisé pour désigner des groupes hétérogènes. Il reflète le terme par lequel s’auto-identifie une pluralité de personnes concernées. La population de Roms vivant dans des bidonvilles ne représente qu’une toute petite partie de la population totale des Roms en France, d’ailleurs estimée entre 300 000 et 500 000 personnes (cf. https://www.coe.int/fr/web/portal/roma ).
[19] Julien Damon, Qui dort dehors ?, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2020 ; Jean-Baptiste Daubeuf et al., 2017, op. cit
[20] Dans une note intitulée « Point d’étape sur la nouvelle impulsion donnée en 2018 », la DIHAL comptabilise au 1er juillet 2019 : 12 088 ressortissants européens sur 17 619 personnes habitant au sein des 359 bidonvilles et squats de plus de 10 personnes.  
[21]  Interview réalisée par France Info, et publiée le 20 mars 2018 sur https://www.francetvinfo.fr.
[22] Il existe, à travers le monde, une grande multiplicité de termes ou d’expressions pour caractériser les habitats précaires, à chaque langue, voire à chaque ville son appellation : les slums dans les pays de langue anglaise, les iskwaters aux Philippines, le kampung en Indonésie, le shammasa au Soudan, le barrio au Vénézuela, les barriadas ou pueblos jovenes au Pérou, les favelas au Brésil, les villas miserias en Argentine, les colonias populares au Mexique, le precario au Costa Rica, les townships en Afrique du Sud, les campamentos au Chili, les bastis de Calcutta, les cheries de Madras, les jhuggis-jhompris de Delhi, etc. Mais il est clair que d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre, on ne met pas les mêmes choses derrière les mots.
[23] Julien Damon, 2017, op. cit.
[24] NOR : TERL 1736127J, 25 janvier 2018 (l’« Instruction »).
[25] Cf. « Aucun Laissé-Pour-Compte », Rapport sur l’effectivité du droit au logement, et des droits qui y sont liés, pour les Roms en France, Nations Unis, Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), Bureau régional pour l’Europe, juin 2018.
[26] Dans « Sept questions sur les campements de migrants », Telos du 24 janvier 2020.
[27] Jean-Marc Stébé, Elsa Martin et Jean-Baptiste Daubeuf, Évaluation du dispositif de résorption du bidonville Louis le Débonnaire situé dans l’agglomération de Metz, Rapport de recherche pour la Fondation Abbé Pierre, Laboratoire lorrain de sciences sociales, Université de Lorraine, 2020.
[28] Louis Bourgois et Anna Louvion, Résorber les squats et bidonvilles par l’insertion économique et sociale ?, Recherche financée par la Préfecture du Rhône et soutenue par la DIHAL, IFTS et laboratoire PACTE, 2018. 
[29] Cf. encadré, « Les investissements matériels et sociaux réalisés dans le cadre de la MOUS », infra.
[30] Céline Véniat, « Se faire un platz dans la ville : pratiques d’habitat informel, expériences de l’accès aux droits et mobilisations de familles roumaines vivant en bidonville », Thèse de doctorat en sociologie, EHESS, 2019.
[31] Michael Dear et Allen J. Scott [dir.], Urbanization and Urban Planning in Capitalist Society, London, Routledge, 2018.
[32] Sandro Cattacin, « Why not ‘‘ghettos’’ ? The governance of migration in the splintering city », dans International migration and ethnic relations, Rapport 06/2 (Malmö University, IMER), 2006.
[33] Yves Grafmeyer et Isaac Joseph, L’École de Chicago, Flammarion, 2009 ; Jean-Marc Stébé et Hervé Marchal, 2019, op. cit.
[34] Merril Sineus, « Deux projets pilotes au Portugal et en France », Urbanisme, n° 406, p. 40.

RÉFÉRENCES

Pour citer cet article :
Elsa Martin et Jean-Marc Stébé, « Un dispositif innovant de résorption d’un bidonville », dans Espaces, territoires et identités : jeux d’acteurs et manières d’habiter, Hervé Marchal [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 4 mai 2023, n° 19, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
Auteur : Elsa Martin et Jean-Marc Stébé
Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
ISSN : 1961-9944

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